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Pas de porte de sortie pour la crise économique

25 Septembre 2013 , Rédigé par Admin

Marc Rousset, diplômé HEC, Docteur ès Sciences Economiques, MBA Columbia University, AMP Harvard Business School, a occupé pendant 20 ans les fonctions de Directeur général dans les groupes Aventis, Carrefour et Veolia. Il est l’auteur de Pour le Renouveau de l’Entreprise (Editions Albatros, 1987), de La Nouvelle Europe de Charlemagne (préface d’Alain Peyrefitte, aux Editions Economica, 1995, Prix de l’Académie des Sciences Morales et Politiques) et des Euroricains(Editions Godefroy de Bouillon, 2001).

En 2010, il a sorti de nouveau un ouvrage intitulé La Nouvelle Europe Paris-Berlin-Moscou toujours aux éditions Godefroy de Bouillon. Il a tenu à se prononcer sur la crise mondiale qui déchire le monde et notamment la France.

La Voix de la Russie. Il y a cinq ans débutait une crise économique mondiale. Quelles sont les perspectives d’après vous ? Va-t-on recouvrer la prospérité économique en France et en UE ?

Marc Rousset. « Je crois que l’économie française et à titre général l’économie européenne se portent mal. Les Etats-Unis peuvent avoir un très léger espoir tout en courant à la catastrophe qui paraît même inévitable ! Pour expliquer la situation actuelle de l’économie mondiale, française et celle de l’UE, je vois huit raisons qui peuvent être évoquées. Dans ces huit raisons, j’en vois deux qui sont tout à fait normales. J’en vois une qui est complètement fausse et je vous dirai laquelle. Et je vois cinq raisons anormales sur lesquelles il conviendrait de rectifier le tir. Et je terminerai mon exposé par une conclusion parce qu’analyser, c’est bien, mais encore faut-il savoir ce que nous souhaitons ! Et cette conclusion sera dotée de quelques chiffres clés sur ma vision du nouvel ordre mondial aussi bien sur le plan économique que sur le plan politique.

Alors, des huit raisons qui font que nous vivons une économie folle et que le monde est complètement déboussolé, j’en prends deux qui sont complètement normales. Il est normal qu’il y ait compétition économique. Il y a également une montée en puissance des pays émergeants. C’est normal également ! Aucun pays au monde qui a une économie n’a su se préserver de la diffusion technologique. Le capitalisme débridé a, bien sûr, accéléré la diffusion d’information et son propre déclin. Une grande partie de la production industrielle mondiale est assurée par les pays émergeants. C’est tout d’abord la Chine et son cas est assez préoccupant pour la Russie en particulier, et l’Inde malgré ses difficultés économiques actuelles.

Ce que je trouve d’une stupidité déconcertante, c’est l’idée que les banques sont à l’origine de la crise ! C’est l’arbre qui cache la forêt ! Depuis le Moyen Age il y a toujours eu des banques ! Les banquiers italiens, en France aussi nous avons eu Jacques le Cœur, etc. Et même du temps de l’URSS, il y avait des banques.

En ce qui concerne les cinq raisons anormales et des difficultés que nous connaissons, c’est ces cinq sur lesquelles il convient de rectifier le tir. La plus importante que tout le monde oublie et cependant, ell est primordiale : c’est le problème de l’inconvertibilité du dollar en or. C’est-à-dire l’inconvertibilité réalisée par le traité du 15 août 1971. C’est à partir de ce moment-là d’ailleurs que l’économie a commencé à se débrider avec un petit décalage dans le temps ! C’est en 1980 qu’a commencé le véritable dérèglement de l’économie mondiale, mais entre 70 et 80, cela ne fait jamais qu’une dizaine d’années !

Alors cette inconvertibilité du dollar en or avec les chèques en blanc pour le déficit fédéral, déficit commercial et je vous rappelle que tous les mois la Federal Reserve Bank permet met la réévaluation d’un manque monétaire. Si on ne lance pas la création monétaire à hauteur de 85 milliards de dollars par mois, le déficit américain ne correspond pas au niveau de financement de leur économie.

Deuxième raison anormale, celle du capitalisme mondial qui ne correspond pas aux intérêts des peuples et surtout des peuples industrialisés tels que l’Europe, voire même les Etats-Unis. C’est ce libre échange débridé qui a produit le malheur. La France en 30 ans a perdu trois millions d’emplois industriels.

Troisième idée : il n’y a pas d’économie solide sans valeurs solides. Cela a été aussi bien défendu par de Gaulle que par Pétain, chacun à sa façon. Même de Gaulle a défendu le travail et la famille après 1945 ! La vraie valeur solide de tout peuple qui se respecte c’est : travail – famille – Patrie ! Il n’y a pas d’économie solide sans valeurs solides ! Or, L’Europe de l’Ouest est en décadence politique et militaire. La décadence est un tout. Et en général, si vous avez une décadence morale, c’est-à-dire celle des valeurs d’une société, vous n’aurez jamais une économie solide avec une société qui part à l’eau.

Quatrième idée qui me paraît anormale : cela a été la folie keynésienne sur laquelle se sont appuyés tous les politiciens français qui l’avait trouvés tout simplement extraordinaire : plus on dépense, mieux se porte l’économie. C’est comme ça qu’on est arrivé à une dette qui approche en France 100% du PIB.

Cinquième idée sur laquelle il me paraît important de revenir : c’est de vouloir éclater les valeurs, en particulier de la France et puis d’autres pays industrialisés, c’est de vouloir développer une économie de la demande tandis que l’Allemagne a été la première à comprendre qu’une économie développée était une économie de l’offre avec des entreprises compétitives et qui exportent.

En conclusion, voici les chiffres-clés. Dans les pays du Sud, la dette va jusqu’à 180% du PIB avec, par exemple, un taux d’intérêt au Portugal qui remonte à 7% ! La France qui approche les 100% du PIB et les 61% de diplômés en 2012 qui n’ont toujours pas trouvé d’emploi en 2013 !

Prenons maintenant les Etats-Unis avec une dette qui augmente de 1.000 milliards de dollars par an! Aux Etats-Unis, le taux de chômage est de l’ordre de 23%. Et à l’heure actuelle la dette américaine représente 17.000 milliards de dollars ! »

Commentaires de la Rédaction. Un monde se meurt. Il s’agit du monde qui est celui de la conférence de Potsdam avec ses partis pris et ses idées figées sur le bien et le mal, sur le Hollywood et la mode, sur l’Europe et le Rideau de Fer. Ce monde qui nous a tous porté dans son giron n’est plus. Expulsés de son corps déchiré, nous continuons de nous accrocher à quelques illusions en feignant d’ignorer ostensiblement la vérité brutale qui s’impose de plus en plus à nos yeux. Ceci dit, posez-vous juste une toute petite question : à quel avenir croyez-vous ? Et en fait, y en a-t-il un pour l’Europe et pour les Etats-Unis vu l’état actuel des choses ? /N

Alexandre Artamonov

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Source: La Voix de la Russie

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